Johannesburg | La ville de l’or en plein hiver

18 juillet

Après avoir passé les deux dernières semaines à refaire le plein d’énergie au Canada… (ouains pas sûr, je pense que nous sommes repartis aussi fatigués que quand nous sommes arrivés, si ce n’est pas plus fatigués…) il était temps de repartir vers notre deuxième segment du voyage, l’Afrique.

10 heures de vol vers Doha au Qatar et 8 heures de vol plus tard, nous étions finalement arrivés à Johannesburg. Ayant écouté des films tout le long, nous étions complètement brulés alors nous en avons simplement profité pour dormir avant d’aller souper.

Une des premières constations avec l’Afrique du Sud c’est que les sud-africains n’ont pas compris le concept d’isolation des maison. Premièrement, après six mois en Asie où il ne fait jamais en bas de 35 degrés, ici, la température en hiver ne monte pas vraiment en haut de 20. Complètement déstabilisé, j’ai dû sortir les jeans et remiser temporairement mes shorts. Deuxièmement, il n’y a pas vraiment de chauffage dans les chambres alors le matin ce n’est pas rare qu’il fasse environ 15 degrés…ce matin, il faisait 13 degrés (à l’intérieur de notre chambre)…

19 juillet

Après s’être levé de grand matin…vers 13h dû au décalage qui nous rattrapait, nous en avons profiter pour faire le tour du quartier de Maboneng là où nous restions.

En fin d’après-midi nous avons décidé d’aller au centre d’achat le plus prêt (environ 1,5km) à pied pour acheter une carte SIM. Nous avions lu un peu sur la violence et sur la sécurité à Johannesburg mais nous avons décidé d’aller voir par nous-même. Bien que nous avons fait l’aller-retour sans problème, avec un peu de recul et après avoir discuté avec des locaux, nous aurions peut-être dû y aller en voiture. Lors d’une de nos courses en Uber, nous avons quand même vu quelqu’un s’approcher d’une Mercedes qui s’était arrêtée à un feu rouge et lui voler son miroir côté passager. Ça l’air qu’il lui manquait cette pièce pour son projet de restauration automobile…

Un des problèmes principaux avec la violence à Johannesburg (selon un résident), c’est qu’au cours des quarante dernières années, les résidents (surtout les noirs), sont passés d’un état ultra contrôlé par les blancs à un état beaucoup trop relax où les lois ressemblent un peu au far west.

 

20 juillet

Remis du décalage, nous avons pris la journée pour faire un tour d’autobus de la ville et de faire des arrêts à Constitution Hill et au musée de l’Apartheid.

Constitution Hill est le site de l’ancienne prison bâti à la fin du 19ième siècle pour les détenus Boer. Lors de la Guerre de Boer, les anglais ont pris contrôle de la ville et ont transformé la prison en fort. Finalement, en 1906, le fort a été reconvertit en prison une fois que la menace les Boers ont quitté la région.

Entrée intérieure du fort.
Entrée du vieux fort qui donne aujourd’hui sur la rue en plein coeur de la ville de Johannesburg

Du début du 20ième siècle jusqu’à 1947, la prison abritait des criminels mais avec l’avenue du régime de l’Apartheid voté en 1947, de plus en plus de noirs et de prisonniers politiques y ont trouvés refuge. Initialement, la prison devait accueillir deux prisonniers blancs par cellule, mais avec la hausse d’emprisonnement, les blancs se sont retrouvés à être quatre par cellule alors que les noirs pouvaient être jusqu’à 200 par cellules communes.

Cellules des blancs où devaient y habiter deux prisonniers. Avec la surpopulation ils étaient plutôt quatre.

Compte tenu que les blancs et les noirs ne pouvaient pas être incarcérés ensemble, une nouvelle section appelé « cellblock number 4 et 5 » a été construite pour recevoir les prisonniers noirs. Une prison de femmes a aussi été construite encore une fois avec des conditions beaucoup plus faciles pour les blanches que les femmes noires.

Section noire de la prison des femmes.

Les prisonniers étaient catégorisés par couleur de peau (blancs, colorés (métis) et noirs) pour leurs lieux d’emprisonnement mais aussi pour leurs rations alimentaires. Les blancs avaient le droit à de la viande, du gras et plus de tout alors que les noirs étaient limités à des produits dérivés de grains.

Cellules d’isolement des noirs.

Bien évidemment, les conditions sanitaires étaient exécrables avec seulement une période de douche de 30 minutes avec 8 douches extérieures pour 2000 prisonniers.

À gauche, latrines extérieures pour les noirs.
Bloc sanitaire de douches pour les noirs. 2000 prisonniers devaient se laver une fois par semaine sous les huit douches pour un temps maximal de 30 minutes.

Cette prison a été le lieu d’incarcération de plusieurs prisonniers politique dont Nelson Mandela, Joe Slavo, Mahatma Gandhi et Bram Fischer pour en nommer quelques’uns. Afin de ne pas corrompre les autres prisonniers, Nelson Mandela a été incarcéré seul dans la section hôpital des criminels blancs.

Statut commémorative de Gandhi.

Ce qui a été le plus frappant au cours de la visite fût à quel point ces atrocités ont été commises il y a si peu de temps. Dans notre tour guidé, nous étions avec deux hommes sud-africains blancs qui se rappelaient plus jeune d’avoir vu régulièrement les camions rentrer dans la prison avec les nouveaux détenus noirs. La prison, étant en plein cœur de la ville est entourée de tours à appartements qui avaient une vue sur les cours intérieures et ce qui se passait à l’intérieur. À l’époque, il n’était pas rare que les famille des gens incarcérés loue un appartement dans le bloc visible sur la photo ci-dessous afin de pouvoir « voir » leur proche et malheureusement aussi les conditions déplorables dans lesquelles ils étaient détenus.

Cour intérieure sous le regard des tours d’appartements qui pouvaient voir ce qui se passaient à l’intérieur.

De nos jours, la prison sert de musée mais y abrite également la cour constitutionnelle de l’Afrique du Sud.

Portes gravées de la cour constitutionnelle de l’Afrique du Sud avec tous les éléments de la constitution d’aujoud’hui.
Cour constitutionnelle

Après un tour d’autobus dans le quartier minier et financier, nous avons finalement fait notre visite du musée de l’Apartheid.

Entrée du musée de l’Apartheid rappelant la ségrégation qui avait lieu en Afrique du Sud il n’y a pas si longtemps que ça…

Le musée racontait l’histoire des derniers 150 ans qui a mené au régime de l’Apartheid et des conséquences de ce régime pendant près de 50 ans. Similairement à la croissance de l’industrie du tabac et du coton aux États-Unis, la découverte de l’or à Johannesburg et le besoin grandissant d’avoir une main d’œuvre à faible revenu à rapidement favorisé un climat de ségrégation. Compte tenu que l’or extrait en Afrique du Sud est toujours trouvé parmi une grosse quantité de déchet minier, il nécessite beaucoup de tri pour en faire l’extraction. Les seules compagnies qui avaient le capital financier pour en faire l’extraction et de payer la main d’œuvre pour faire le tri provenaient de l’Europe. Bref, les blancs ont fait l’acquisition des mines et ont employés à faible revenu les ouvriers noirs. Le boom économique à fait en sorte que les blancs au pouvoir ont dû relocaliser à plusieurs reprises la classe ouvrière et leurs familles pour accommoder la croissance de la vill. Le résultat final d’un demi-siècle de relocalisation a été une ville divisée entre blancs et noirs.

Carte d’identification des habitants de Johannesburg pendant l’Apartheid. Les noirs ne pouvaient pas circuler à Johannesburg sans raison. On pouvait leur demander le passe d’identification en tout temps. S’ils ne l’avait pas avec eux, ils étaient passibles d’emprisonnement.

En 1947, le régime d’Apartheid utilise cette division géographique pour instaurer des politiques qui défavorisent grandement les communautés noires. Les conditions sanitaires sont déficitaires, les écoles sont sous-financés et les cours enseignés font plutôt la préparation vers des métiers réservés pour les noirs entre autres.

Au début des années 50, Mandela se joint à l’African National Congress (ANC) et avec l’aide du Pan Africanist Congress (PAC) et du parti Communiste commence à mettre de la pression sur le gouvernement pour de meilleures conditions. Il est emprisonné à plusieurs reprises (62-64, 64-82, 82-88 et 88-90) avant d’être libéré en 1990.

Bref, après deux heures, nous étions complètement saturés d’informations et il était temps d’aller souper et faire une sieste avant le visionnement d’un film indépendant sur la révolte des étudiants de Soweto en 1976.

Dans un petit cinéma indépendant sous notre hôtel, il y avait la projection du film Uprize! qui raconte la révolte des étudiants de Soweto qui étaient mécontents du système d’éducation réservé aux noirs. Le nombre est incertains mais plus de 150 étudiants ont été abattu par les forces de l’ordre lors de cette manifestation.

 

21 juillet

Aujourd’hui nous avons faire le tour de Soweto, un des bidonvilles les plus important de Johannesburg. Soweto est la contraction de SOuth WEstern TOwnships. La population de ce bidonville est composée à 98% de noirs et est le cœur de movement anti-Aparttheid. Notre visite a débuté au mémorial de Hector Pieterson (l’étudiant de 12 ans qui a été tué lors de la révolte de 1976) et s’est terminée sur la rue Vilakazi à la maison de l’archevêque Desmond Tutu. Nous avons passé devant la maison de Nelson Mandela avant d’aller diner dans un restaurant local où nous avons pu manger un Kota. Il est important à noter que la rue Vilakazi est la seule rue au monde où y habitait deux prix Nobel.

Ancienne tour d’usine à charbon maintenant convertit en site de divertissement où il est possible de faire du bungee, de l’escalade, du paintball, du VTT, du Go-Kart. Icône de la ville de Soweto.
Le corps d’Hector Pïeterson, 12 ans, lors des émeutes de 1976. Il s’agit du plus jeune étudiant tué cette journée là.

Pour dîner, imaginez une assiette de hot dog géant avec une sauce spéciale, un œuf tourné un peu coulant, des légumes confits et une portion de frites. Maintenant mettez tous ces éléments dans un pain et vous avez un Kota. Initialement, les frites dans ce « hamburger-hot dog géant » étaient un peu étranges mais ça goutait bon. Nous avons pu également boire de la bière locale qui traditionnellement était faite par les femmes et consommée par les hommes. Contrairement au Kota, la bière était dégueulasse. C’était blanc, épais, laiteux et ça goutait le sûr.

Un Kota, met typique de Soweto.

En fin de journée, nous avons quitté notre beau quartier de Johannesburg pour se rapprocher de notre point de départ pour notre aventure de 46 jours au tour de l’Afrique du Sud, du Swaziland, du Lesotho, du Namibie, du Botswana, de la Zambie et du Zimbabwe à bord d’un Overlander.

10 Replies to “Johannesburg | La ville de l’or en plein hiver”

  1. Wow, mais quelle histoire quand même… merci pour toutes les infos les amis, ça a été une lecture bien intéressante 🙂

    1. Contente que ça t’ai plu! Vivement la mémoire d’Alexandre qui réussi à se souvenir de tous les détails de ce qu’on nous dit dans nos tours guidés… 😛

  2. Wow! Qu’il est bon de pouvoir vous lire à nouveau! Je vous souhaite un séjour à la hauteur de vos attentes en Afrique. Merci pour vos commentaires si informatifs et vos photos si pertinentes. Au plaisir de lire vos prochaines découvertes! Je vous aime beaucoup!

    1. Geneviève dit :

      Merci beaucoup Maman! Nous t’aimons aussi très fort. Je suis certaine que nos prochaines aventures te rappelleront ton récent voyage en Tanzanie. Au plaisir de lire tes commentaires sur les prochains articles. xoxo

  3. Article très intéressant! Quand je lis ça, ça me donne le goût d’être avec vous autres…J’ai juste dit le « goût », n’ayez crainte!

    Comme ils mangent de la bouffe santé comme du « Kota », il pourrait y avoir une opportunité d’affaires pour la « poutine » , vous devriez y penser…?

    1. Geneviève dit :

      Merci. Il faudrait répertorier le nombre de fois où tu nous as dit que tu aimerais être avec nous! Et dire que ce ne sont pas les invitations qui manquent. Arrête de « bretter » et achète ton billet d’avion pour le Pérou. Promis que nous te ferons vivre plein de belles aventures à toi aussi! 😛

  4. MF m’enlève les mots de la bouche… article super intéressant! Merci pour toutes ces informations!! J’ai hâte de lire la suite de votre aventure de 46 jours en Afrique!

    1. Geneviève dit :

      Merci beaucoup A-S! De notre côté, nous avons très hâte de voir plus de photos de votre lune de miel. Celles que tu as mises sur Instagram son à faire rêver! 😉

  5. WOW! Quel article intéressant…!
    J’ai hâte de lire la suite de vos aventures!

    1. Geneviève dit :

      Merci! 🙂 En espérant que nous aurons du réseau un peu partout grâce à la carte SIM que nous avons acheté. Comme nous sommes en camping (et non dans de grands hôtels), il n’est pas certain que nous aurons un accès WiFi à tous les jours… À voir!

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