Torres del Paine | Des bas et des hauts mais en Patagonie il fait toujours beau!

Lors de la planification initiale de notre séjour en Patagonie, nous avions prévu aller faire une excursion de 4 à 5 jours à Cerro Castillo, une région chilienne située à une latitude entre Bariloche et El Chaltén. Par contre, la logistique pour s’y rendre étant plutôt complexe, nous avons finalement décidé d’annuler cette randonnée. Ce changement a fait en sorte que nous nous sommes retrouvés avec 5 jours « sans activité » en Patagonie… C’est donc de là que nous est venue l’idée de nous rendre à Puerto Natales afin de retourner dans le parc national de Torres del Paine.

Comme vous expliquait Geneviève dans son article précédent, nous étions venus dans la région trois ans auparavant (exactement à cette période de l’année) pour marcher le sentier « W » (en rouge sur la carte ci-dessous) et nous avions vraiment adoré ce parc national. (À ce jour, il s’agit d’une des randonnées préférées de Geneviève…) Question de faire un peu différent, nous avons choisi de plutôt faire la portion nord du grand circuit « O ». Habituellement le circuit « O » se fait entre 8 et 10 jours et inclut aussi le « W ». Nos 5 jours nous permettaient alors de compléter le « O » trois ans plus tard…

C’est sûr que les choses ont pas mal changé depuis notre dernier passage dans la région, mais nous avons finalement (après un beau casse-tête logistique) réussi à tout organiser pour partir en trek du 30 novembre au 4 décembre. D’après les locaux, l’augmentation impressionnante de la popularité du parc au cours des dernières années est dû à une publication de la célèbre revue du National Geographic :

Avec tous ces locaux que nous avons rencontré (lors de la réservation de nos hébergements pour la randonnée) qui nous disaient comment le circuit était maintenant bondé de monde (avec tous ces effets pervers… élargissement des sentiers, poubelles en route, etc.) et les coûts qui n’arrêtaient de s’accumuler (hébergement, autobus, catamaran, épicerie et permis d’entrée) nous commencions à se demander si le tout en valait la peine… Mais bon, rendu à Puerto Natales, ce n’est pas comme si nous avions des tonnes d’autres activités à faire, nous nous sommes donc lancés!

30 novembre

Finalement, le 30 est arrivé et nous avons pris l’autobus tôt le matin en direction de Laguna Amarga, soit notre point de départ. Une fois le permis payé et le visionnement d’une petite vidéo sur les règles dans le parc, nous étions prêts à partir en randonnée. En fait, il ne nous restait qu’à prendre la navette qui allait nous amener de l’accueil du parc vers le Refugio Las Torres, notre point de départ. Dans la navette, nous avons rencontré (ou plutôt espionné) quatre françaises qui partaient pour le « W ». Alors que l’une d’entre elles annonçait avec assurance qu’elle avait vérifier la météo avant de partir et qu’il n’y aurait pas de pluie pendant leur séjour de quatre jours, il s’est bien évidemment mis à pleuvoir… à grosses gouttes. Équipée seulement d’un petit sac Fjallraven de 20 litres (bien chic, mais complètement inutile en randonnée) contenant quelques pommes, un sac de couchage d’été et une tente cheap « du Canadian Tire » et avec dans ses pieds des souliers de course Nike (qui, comme nous disait bien sagement Frede au Pérou, ne supporte même pas suffisamment les pieds pour aller faire l’épicerie…), je ne sais pas si elle se croyait vraiment ou si elle voulait simplement masquer le fait qu’elle n’était pas du tout prête pour ce que la Patagonie pouvait offrir en terme de météo. Je croisais sérieusement mes doigts que la randonnée ne soit pas remplie d’épais(e)s comme ça…

Alors que nous venions d’enfiler nos pantalons de pluie et nos imperméables, la pluie a cessée et il s’est mis à faire gros soleil. À peine un kilomètre dans le trajet et nous devions déjà se dévêtir. #encoreunbeauproblème Aujourd’hui, nous avions presque 14 kilomètres très facile pour nous amener au Camping Serón.

En arrivant parmi les premiers au camping, nous avons eu l’embarras du choix de notre site de tente. Je ne sais pas de quoi avait l’air le reste du camping mais je pense que nous avons choisi le nid de maringouins… Nous avons monté la tente en panique avant de s’isoler pour les éviter. (Je me suis quand même réveillé le lendemain avec plusieurs centaines de piqûres partout sur le corps!)

Tout au long de l’après-midi nous avons eu le droit à de la grosse musique de YouTube par les gars qui faisaient de la rénovation sur le refuge. Eh oui, une autre des « amélioration » (sarcasme) du parc est qu’il y a maintenant l’Internet à certains endroits…génial! Une chance que les paysages étaient encore époustouflants car nous étions rendus à trois points négatifs et ce n’était que le premier jour de notre randonnée.

 

1 décembre

Compte tenu qu’il fait plus de 17 heures de clarté par jour ici à cette période de l’année, nous en profitons pour faire la grasse matinée et pour ne pas mettre de cadran (laissant les autres nous réveiller lorsqu’ils commenceront à se préparer à à partir). #grossevie

Aujourd’hui, nous avions presque 19 kilometres à faire avec une petite montée. Nous sommes partis vers 10h et nous avons emprunté le sentier qui nous faisait serpenter le long des rivières et des lacs en route vers le Campement Dickson.

Pour la première fois, nous nous sentions un peu plus isolé, ce qui nous rappelait nos bons souvenirs du parc. Encore une fois, les vues étaient vraiment superbes et le camping était vraiment quelque chose.

Encore un peu de musique des garde-parcs mais c’était une nette amélioration par rapport à la veille.

 

2 décembre

Une autre grasse matinée car nous n’avions que trois heures de marche avant d’arriver au Camping Los Perros. La randonnée s’est super bien déroulée et nous sommes arrivés tôt au campement. Un bon dîner, quelques siestes d’après-midi, un bon souper identique au dîner et nous étions prêts pour le dodo.

 

3 décembre

Selon les cartes, nous devions avoir six heures de montée pour atteindre le sommet de la passe. Avec un peu d’analyse je trouvait ça louche et surestimé… La durée de la journée devait être de onze heures de marche. Un peu sceptique mais voulant mettre toute les chances de notre côté, nous nous sommes levés vers 6h30 pour un départ vers 7h30. En sortant de la tente, nous avons pu constater qu’il y avait déjà plusieurs groupes qui étaient partis ou qui étaient sur le point de quitter.

À 7h30 nous sommes partis et nous avons dépassé tout le monde pour finalement arriver au sommet de la fameuse passe en deux heures. Ils étaient dans le champ avec leur six heures! (En plus, les cartes que le parc remettaient indiquaient que la route jusqu’à la passe avait 12km… alors que nos montres GPS nous ont clairement indiqué que c’était plutôt 4km de marche!) C’est dommage, parce que partout dans le parc, les distances et altitudes sur les écriteaux sont erronées…

La vue de la passe qui surplombait le glacier Grey était vraiment magnifique surtout qu’il faisait super beau (et qu’il n’y avait aucun vent!).

Une descente abrupte, un dîner parmi des milliers de moucherons et trois géants ponts suspendus plus tard et nous avions complété les 15 kilomètres jusqu’au refuge Grey. Ce qui devait prendre 11 heures en a finalement pris six!

Ah le fameux refuge Grey! Nous sommes arrivés pour faire notre check-in à 160$* la nuit où nous avons pu nous installer dans notre dortoir de luxe. Une fois changés, nous avons passer l’après-midi à lire sur les drivants de l’ère commune et à manger toute les peanuts « gratuites » de l’hôtel. Peut être qu’on pourrait arriver à manger notre 160$ de peanuts alors que notre tente se repose bien au sec dans la chambre.

Petite note à part, nous sommes officiellement les « pas propres » de la randonnée. Alors que plusieurs randonneurs prenaient leurs douches à chaque campements, je pense que nous étions les seuls qui non seulement n’en prenaient pas mais qui n’avais même pas amener de savon ou de serviette… Nous avons bien rit dans nos barbes quand nous avons fait la rencontre de nos colloques de chambre au refuge Grey qui nous a dit que la douche était très bonne et chaude. « Ma grande, nous avons fait plus de deux semaines sans se laver au Népal, c’est pas après quatre jours que nous allons perdre cette bonne habitude hein? » Blague à part, c’est un gentil couple belge flamand de notre âge qui a partagé notre chambre ce soir.

* Justifications supplémentaires : Dans son article précédent, Geneviève vous expliquait qu’il faut maintenant réserver tout les hébergements AVANT d’arriver dans le parc pour faire la randonnée… Nous avions donc réussi à obtenir des places en camping pour nos trois premières nuits, mais la dernière était « complète’. Il ne leur restait que les lits superposés en chambre quadruple, pour la modique somme de 80$ par personne. Mais à se prix là, vous avez des draps (plutôt que de devoir dormir dans nos sacs de couchage), nous avait dit la dame. -_- #nimportequoi La popularité du parc a vraiment fait grimper les prix à la limite du ridicule. Bref, si nous voulions faire la randonnée et c’était le sacrifice économique à faire… Nous avions aussi l’option d’y aller sans réservation et d’essayer de donner un pot de vin au responsable du camping, mais nous avons décidé de respecter les règles, contrairement à plusieurs personnes qui se présentent chaque jour dans le parc.

Le « boutte de la marde » est qu’en arrivant, nous avons demandé à la dame si nous pouvions changer notre réservation pour un camping (peut-être qu’une place c’était libérée depuis notre réservation…) Elle nous a alors dit que s’il y avait de la place (ce que nous devions aller vérifier nous-même, elle pourrait le faire. Quel joie, nous allions pouvoir nous faire rembourser la différence! En arrivant au camping, il y avait de la place… En se fiant au visage du responsable, on dirait le genre d’endroit où il y a toujours de la place… #bravo On étaient donc tout excités de faire le changement… Jusqu’à ce qu’il nous demande pourquoi nous ne voulions pas la chambre. Nous lui avons expliqué (dans notre meilleur espagnol) que nous avions notre tente et que nous ne tenions pas à payer si cher pour une nuit… blah bla blah! Sa réponse : Ahhh! Vous pouvez faire du camping si vous préférez, mais on ne pourra pas vous rembourser le prix de la chambre… Bin la! On est retourné dans la chambre! #yatoujoursbiendeslimitesàsefaireavoir (Ce fût officiellement la nuit la plus chère de tout notre séjour!)

 

4 décembre

Bien que nous aurions aimer profiter à 100% de nos lits super confortables jusqu’au check-out, il était plus judicieux de partir tôt pour prendre le premier bateau jusqu’au point de sortie où nous attendrait notre autobus. Si nous manquions notre bateau de 11h35, nous devions attendre le prochain en plein milieu d’après-midi qui ne nous aurait pas offert une bonne connection avec les autobus par la suite. Pour rajouter au suspens, le catamaran était brisé la semaine dernière et seulement un petit bateau était en opération. Le seul hic était que s’il ventait trop, le petit bateau ne partait pas. Nous avons entendu plusieurs histoires de randonneurs qui n’ont pas pu prendre le bateau et ont dû faire un chemin de 18 kilomètres de plus pour aller à un point de sortir alternatif. J’avais déjà été avisé (bien que le vent est complètement hors de mon contrôle) que mademoiselle ne serait pas contente si on devait marcher ce 18km…

Bref, nous sommes partis assez tôt avec nos belges pour faire les dix kilomètres jusqu’à Paine Grande. En partant, quelques goutes de pluie se sont mise à tomber mais le tout s’est dégagé assez rapidement pour nous offrir un dixième (cinq cette fois-ci et cinq la première fois) jour de beau temps. Je sais que nous parlons beaucoup de météo mais parlez à n’importe qui est déjà aller en Patagonie et il n’est pas supposé faire toujours aussi beau. Nous gardons nos doigts croisés.

Même si nous avions déjà fait ce sentier il y a trois ans, c’était tout aussi magnifique et venteux.

Quelques photos en chemin et nous sommes arrivés avec plein de temps à tuer au refuge Paine Grande où nous prenions le bateau.

Le voyage en catamaran jusqu’à l’autobus nous offert nos possiblement dernières vues du parc. Il y a plusieurs places dans le monde que nous disons que nous allons sûrement retourner plus tard dans nos vies, je ne pense pas que Torres del Paine en fera partie. Malgré nos appréhensions et les quelques « bas » de notre séjour, ça demeure un endroit vraiment spécial avec de la randonnée de qualité et des vues à couper le souffle. Malheureusement, nous avons vu comment les choses ont changé en trois ans et combien il faut débourser pour accéder au parc que nous avons peur qu’une troisième expérience plus tard viendrait possiblement ternir ces deux beaux souvenirs que nous pouvons emporter avec nous.

 

5 décembre

Aujourd’hui, nous avons relaxé à Puerto Natales et revisité le bord de l’eau (qui était tout aussi magnifique et venteux que la dernière fois!).

Demain, nous aurons une journée de repos à Puerto Natales avant de prendre l’autobus le 6 décembre vers Ushuaia. Nous vous donnerons donc nos prochaines nouvelles en direct du bout du monde!